Pourquoi associer ou assimiler l'accompagnement prénatal à une préparation à la naissance ?
Qu'entend-t-on d'ailleurs par préparation à la naissance et à la parentalité ?
Si on se réfère aux conventions établies entre les sages-femmes et la caisse d'assurance maladie il s'agit en premier lieu d'informer le ou les futurs parents dès le quatrième mois des conditions favorisant, permettant une grossesse en bonne santé, de s'assurer lors de cet entretien du contexte dans lequel déjà l'attente de cet enfant se vit. A la suite de cela s'envisagera l'accompagnement médical, pychologique éventuel nécessaire et le type de préparation à l'accouchement souhaité ou pas après en avoir été correctement informé. Les séances de préparation commenceront ensuite alternant informations concernant la grossesse, l'accouchement, la période post-natale, les besoins, l'alimentation de l'enfant et les exercices pratiques propres à chaque approche. Seules les sages-femmes savent à quel point tout cela est dense et combien 7 séances d'une durée réglementaire de 45 minutes établie par la convention est vraiment le strict minimum. Il suffit que la parole des futurs parents soit autorisée à exister et le temps s'allonge.
Si on se réfère à ce qui existe il n'y a pas une préparation qui se ressemble. Certaines sages-femmes centrant la préparation autour de l'accouchement deux mois avant le terme prévu, d'autres accompagnant tôt, veillant le vécu de la grossesse, la parentalité de l'un ou des deux futurs parents.
Si on se réfère aux forums, aux magasines, aux sites on constatera que l'accompagnement prénatal en haptonomie est assimilé à une préparation à l'accouchement car, entre autre, il rentre dans son cadre légal remboursé .
L'approche haptonomique pendant la grossesse ne se résume en aucun cas à une préparation à l'accouchement !
Ne se résume en aucun cas à jouer avec le bébé, le faire bouger, se faire plaisir ou faire plaisir à son autre parent !
Il s'agit d'une démarche responsable où très souvent le couple consultant pour la première fois vient découvrir une approche qui inclut l'autre parent et qui va donner la possibilité de " faire bouger " le bébé .
L' haptonomie parle et accompagne à bien autre chose.
Dès la première rencontre le couple logiquement informé par l'accompagnant responsable de ce travail sera en mesure de choisir ou non le soutien proposé.
Il y a là soutien de ce qui est déjà et de ce qui se crée.
De ce qui est déjà: deux personnes bien distinctes en couple et parfois déjà parent(s).
De ce qui se crée : un enfant, l'attachement à cet enfant, une famille nouvelle ou qui s'agrandit
Soutenir chacune des deux personnes que sont les parents c'est accorder d'abord de l'attention aux fondations de chacun.La grossesse ébranle parfois les fondations avec ou sans raison à la raison et pas que chez la future mère. Un accompagnement simple et attentif favorisera à base des facultés révélées par l'haptonomie la solidité des fondations. La personne y gagnera en autonomie affective , en sécurité et sûreté d'elle même; y gagnera en qualité d'attention et de disponibilité à l'autre.
Soutenir le couple car il est la deuxième fondation de la famille. Veiller à ne pas tout centrer sur l'enfant attendu, à ne pas passer à travers elle pour le sentir ! Veiller à ce que la personne, le couple et le parent puissent coexister .Il s'agit là d'être de bons veilleurs !!! Tout pousse, milieu médical, milieu social, milieu familial consciemment ou inconsciemment à donner priorité au parent futur parent et donc à l'enfant .
Soutenir l'enfant attendu à base des fondations précédentes et des siennes propres Se cultive alors déjà, l'air de rien, un " chacun a sa juste place ". L'enfant s'éprouvant, éprouvant chacun de ses parents et ce qui les unit, percevant leur possible et leur limite. Ce qu'ils sont ni plus ni moins. Les deux adultes futurs parents s'éprouvant chacun, ensemble, sentant, ressentant leur enfant, ses possibles, ses limites, leurs possibles, leurs limites .
Se perçoit ce qui fait chacun ni plus ni moins, ce qui peut s'agrandir, se développer ou pas chez chacun, ni plus ni moins.
Soutenir ainsi l'autonomie affective intérieure de chacun et ensemble, l'attachement-détachement ouvrant à l'authenticité, la responsabilité, la force et joie d'être soi et de pouvoir vivre ce qui se présente à soi.
Nous sommes bien loin là d'une préparation à l'accouchement, même si à travers cela il se devine aisément la force que chacun puisera en lui et ensemble pour vivre ce qui ce jour là se présentera, quelle que soit la manière d'accoucher ou de naître ressemblant ou pas à ce qui était espéré ou imaginé.
Nous sommes bien loin d'une préparation à l'accouchement lorsque suite et poursuivant un tel accompagnement nous rencontrons un enfant ouvert à lui même et au monde, soutenu en cela par l' ouverture de ses propres parents à eux mêmes à leur coupleà leur enfant et au monde.
L'enfant et ses parents forts de ce qui les relie sans y être liés apprenant chacun à marcher son chemin propre.
Des questions se posent :
Comment en 8 séances d'une durée obligatoirement limitée, avec toute l'information nécessaire , suffisante et obligatoire est-il possible d'y placer un accompagnement d'une telle qualité ?
Pourquoi une approche aussi exemplaire et remarquable qu'est l'haptonomie se retrouve-t-elle régulièrement malmenée dans ce qui fait ses fondements les plus précieux ?
Un tel accompagnement ne nécessite-t-il pas un engagement mesuré du couple et non un droit en grande partie remboursé ?
Mais qui donc malmène l'haptonomie ?
Je mesure après avoir tenté de concilier les exigences et les obligations inhérentes à des séances de préparation prises en charges par la caisse d'assurance maladie et un accompagnement haptonomique les limites de cela. Même si le temps s'allongeait, il restait vrai que c'était toujours au détriment de l'une ou l'autre approche. Qu'à cette époque je tentais de m'arranger avec cela tant bien que mal, ayant l'impression qu'il ne pouvait en être autrement.
Les mouvements du chemin de ma vie m'ont engagé totalement dans l'approche haptonomique. J'ai pu mesurer plus encore l'essentiel de cet art de vivre où ma responsabilité s'y engage, je mesure combien un accompagnement choisi et pleinement assumé par un couple de futurs parents est valable, durable.
Je constate que tout en clamant haut et fort que l'haptonomie n'était pas une préparation à l'accouchement je l'y faisais rentrer, l'y limitait et malmenait tant la responsabilité que j'avais d'elle que celle des futurs parents.
Le travail haptonomique: une vérité , une authenticité, une responsabilité qui se cherchent ou nous cherchent toujours plus ?
Ghislaine Henry-Mourant
